Maud has done it!

Je me retourne encore une fois timidement... Ca y est, je la vois ! Une étouffante émotion m'envahit aussitôt. Là, devant moi, à portée de mes avirons, derrière un léger voile blanc de condensation, un trait de crayon presqu'invisible se dessine. Je suis comme un enfant la veille de Noel et trépigne d'impatience devant cette forme bleutée qui se distingue peu à peu du ciel. Le soleil tombe lascivement jusqu'à l'océan. Tout se colorie d'orange et de rouge. Une nouvelle terre dorée semble être en train de naître sous mes yeux ébahis. Dire qu'il y a à peine quelques heures, seul l'infini Pacifique se dressait devant moi. Je dévore des yeux cette île miraculée qui s'ourle complètement de rose. OCEOR, caressé par ces lumières rougit lui aussi. C'est pleine lune ce soir, comme le jour de mon arrivée de l'Atlantique Nord. Je me laisse envoûter par l'astre laiteuxdans lequel semble déjà se refléter la cime des cocotiers et les toits des petites maisons que j'imagine sur l'île. Hiva Oa sort doucement de la mer. La Tapageuse, bateau de la Marine Nationale, m'attend patiemment, presque maternellement. J'ai envie de me jeter dans leurs bras. Il est 2h32 du matin, dans ma main droite brûle un éblouissant feu de bengale rouge. J'ai la gorge nouée de bonheur. Bientôt le terre ferme. Bisous nocturnes Maud

L'Arrivée !! à Jean-Louis Etienne, encore sur l'île de Clipperton.

Même en rêve je n'aurais pas imaginé un tel accueil. Les marquisiens ont ouvert les bras d'une facon mémorable. Cela restera l'un des plus beaux souvenirs de ma vie. Quelle image que celle d'OCEOR qui bombe infiniment le torse au milieu des traditionnels Va'a recouverts de fleurs de toutes les couleurs. Deux costauds polynésiens m'ont porté jusqu'à terre puis, entourée par plusieurs centaines d'habitants d'Hiva Oa je suis déposée sur une stelle adossée à une grosse pierre sur la plage qui a été gravée à mon nom. Magnifique hommage. Croûlant sous les magnifiques colliers de fleurs, aux odeurs envoûtantes je suis embrassée et ré-embrassée par tout le monde. Rebaptisée du nom marquisien "Tahia" (princesse qui danse avec les vagues) j'oublie toute la fatigue et les difficultés des derniers jours, et me laisse porter par la chaleur et l'amitié. Le soleil vient de se lever, nous sommes protégés par des montagnes verdoyantes entourées par une végétation luxuriante. Je suis sur un petit nuage. Jamais je ne pourrais assez remercier Monsieur le Maire, toute la population ainsi que tous ceux qui ont oeuvré main dans la main pour que cette arrivée soit une telle fête. Je pense bien à vous tous. Je rentre à Paris très vite, du soleil plein les yeux. RDV Jeudi matin (31 Mars) à l'aéroport de Roissy, Vol Air Tahiti Nui TN22, aérogare 2A à 8h25. Je vous embrasse très fort. Maud